dimanche 29 avril 2012

Hua Hin et Koh Phangan, Thaïlande – les doigts de pieds en éventail

Direction le sud ! Le train nous arrête à Hua Hin, à 250 km au sud de Bangkok. Cet ancien village de pêcheurs a bien changé depuis sa découverte par la famille royale en 1911. Aujourd'hui, Hua Hin est une station balnéaire avec d’innombrables resorts, des restaurants pour touristes et des agences de voyage à tous les coins de rue.

Avec le crottin, il faut juste faire attention où l'on met sa serviette
C'est ici que nous expérimentons notre première Songkran, la "fête de l'eau" où les thaïlandais célèbrent le passage de la saison sèche à la saison des pluies. Pour l'évènement, les thaï (et les touristes) s'equipent de pistolets à eau et s'arrosent mutuellement pendant un jour. Les plus redoutables étant certainement ceux sur les "pick-up". Des bassines de 80 litres sont chargées à l'arrière de ces camionnettes et c'est à coup de seau d'eau que l'on se fait asperger. Impossible d'y échapper, tout le monde y passe : de la petite dame qui va faire son marché au policier ! L'ambiance est festive et il faut dire qu'un peu d'eau par cette chaleur ne fait pas de mal.

ADM :Arme de Destruction Massive

Pour nous relaxer (il faut dire que voyager fatigue, c'est à peine croyable mais nous vous l'assurons), nous décidons de poser nos valises à Koh Phangan, sur l'anse d'Hat Yao très exactement. La route qui entoure l'île est splendide et c'est un véritable plaisir de découvrir de nouvelles anses au fur et à mesure de notre avancée en scooter. L'île est paradisiaque, pas de déforestation sauvage. Bref, un véritable décor de carte postale. 

De la terre à l'île : une heure de bateau

En visite dans le parc naturel
La journée, notre activité principale consiste donc à trouver des petites tables pour manger, se balader, jouer au billard et partager nos expériences autour d'une bière avec d'autres voyageurs. L'île est également célèbrent pour ses "full moon party". Des hordes de touristes dansent et boivent jusqu'au lever du jour sur une musique techno. Mais là c'est une autre histoire...et heureusement nous y avons échappé.

Petite embarcation au repos

On a vu pire comme endroit....

Et oui, il n'y a pas que la mer....à Koh Phangan

samedi 7 avril 2012

De retour de Birmanie

Rangoon

Autant vous dire de suite qu'un voyage au Myanmar se prépare ! Pour l'argent, il n'a aucun distributeur de billets dans le pays. Il est donc impératif d'avoir prévu suffisamment de $ à son arrivée et de se renseigner sur le taux de change Kyat / $ qui joue sérieusement au yo-yo. Cerise sur le gâteau, les $ doivent être « flambants neufs », c'est à dire ne jamais avoir été pliés, tachés, délavés...sous peine de se les voir purement et simplement refusés. Sinon, une fois sur place, il ne reste plus qu'à écourter le séjour. Nous avons rencontrés quelques voyageurs contraints de le faire...

Pour changer ses $ : il y a soit la banque soit le marché noir. Nous les avons expérimentés tous les deux. Le taux de change étant supérieur sur le marché, nous sommes donc partis à la quête de nos premiers Kyats. Grave erreur ! Autant dire que notre recherche ne fut pas difficile car on nous abordait tous les 5 mètres. Le taux proposé étant tellement alléchant (de quoi commencer à se poser quelques questions), nous avons suivi 2 birmans jusqu'à leur « salon de thé » (en France, on parlerait plutôt d'un débit de boisson où l'on ne vend pas d'alcool... bien loin du standing de Mariage Frère!). Au début, nous étions en compagnie de nos 2 banquiers en herbe puis, à peine assis, 3 de leurs « amis » nous ont rejoints. Cela faisait beaucoup de locaux pour seulement 2 touristes... mais bon, nous avons commencé la transaction. Et là ce fut du grand n'importe quoi ! Tout était bon pour détourner notre attention afin que notre « David Copperfield » puisse faire disparaître des billets. Un coup je me gratte les fesses et je mets des billets dans mon longyi. Je me recoiffe et j'en mets dans le col de ma chemise...Bref, nous commencions à être échaudés par ces tours de passe-passe dont le seul but était de nous escroquer. Ni une, ni deux, nous avons plié bagage....pour finir à la banque. Nous qui pensions que les conducteurs de tuk-tuk et autres véhicule en tout genre étaient une des professions les plus malhonnêtes, nous venions de rencontrer leur maître.

Après un rapide tour dans Rangoon où nous visitons la pagode Shwedagon (grand stupa recouvert de 700 kg d'or, autant vous dire que les Birmans le regarde du coin de l’œil), nous quittons cette ville sale et délabrée pour nous rendre à Bagan. 

Shewdagon
Une rue de Rangoon
La ville reste cependant un passage obligé car elle est la seule « porte d'entrée » depuis l'étranger. Nous grimpons dans le bus de 18h qui rejoint Bagan en 10h en passant par Naypidaw, la nouvelle capitale-fantôme du pays depuis 2006 où le tourisme n'est pas le bienvenu. Prétextant un manque de place à Rangoon, la junte a créée cette nouvelle ville au milieu de la jungle. En fait, il s'agissait plutôt de s'éloigner du milieu étudiant de Rangoon et d'éviter ainsi de nouvelles révoltes...

Bagan – des pagodes à perte de vue

Nous arrivons à Bagan à 4h du matin, ce qui n'est pas franchement idéal pour trouver une « guest house »...Après une heure de recherche, nous posons finalement nos bagages dans une chambre. A notre réveil, nous découvrons une ville paisible : des calèches et des vélos circulent sur une route de graviers, des petits restaurants se succèdent les uns après les autres. Le site archéologique donne le tournis et permet de contempler plus de 2 000 pagodes (soit autant de reliques de Bouddha) concentrées sur 50 km². La visite se fait en vélo pour les plus courageux (nous...) ou en calèche. Ici, le temps s'est arrêté. Les Birmans sont très friands des produits occidentaux, notamment des « petits parfums » Coco Chanel. Bon nombre d'entre eux nous proposent d'en échanger contre de l'artisanat local (boîtes de bétel, laques...). Le troc est à la mode. 

Pagode n°124 à Bagan
Pagode n°479 à Bagan
Mandalay

A Mandalay, nous retrouvons Ghislain et Mathilde (un couple parti faire le tour du monde en 2 ans) rencontrés à Bagan. 

Ghislain et Mathilde, amateurs de Star Cola
Nous explorons ensemble les alentours de la ville et notamment le pont U Bein (un pont en teck long de 1,2 km construit en plein milieu d'un lac) et le monastère de Bagaya sur l'île d'Inwa.

Le pont U Bein
Il n'y a pas que des moines dans les monastères
La ville en elle-même présente peu d'intérêt. Des coupures d'électricité interviennent de façon intempestive et c'est tout un quartier qui est plongé dans le noir. Dans le meilleur des cas, quelques groupes électrogènes prennent le relais. Avant de quitter cette fournaise, nous assistons au spectacle des « Moustache Brothers », une petite troupe familiale dont les principaux comédiens ont été emprisonnés plusieurs années pour s'être moqués du gouvernement. Depuis, ils peuvent se produire uniquement dans leur maison. Leur blague favorite :

Le moustache brother :« Il y a un mois j'avais mal au dents. Alors je me suis rendu à Bangkok pour me faire soigner. »
Le dentiste : « Mais pourquoi venir en Thaïlande ? Vous n'avez pas de dentistes en Birmanie ? »
Le moustache brother : Si nous en avons. Mais il est interdit d'ouvrir la bouche dans ce pays ! »

Avec les Frères Moustache
La réalité aujourd'hui est tout autre. On nous a parlé spontanément d'Aung San Suu Kyi (leader politique assignée à résidence par la junte et symbole de la démocratie). Le premier a abordé le sujet a été le chauffeur de taxi à notre arrivée à l'aéroport puis un moine puis un conducteur de scooter... A moins que nous n'ayons rencontré que des « espions » de l'actuel gouvernement, il semblerait que les langues se délient. 

Une antenne du parti de "The Lady"
Nord Est – Thipaw et Kyaukme

Depuis Mandalay, nous grimpons dans un bus pour nous rendre dans le Nord Est du pays. C'est la route en direction de la Chine et le ballet incessant des camions sur la route nous le fait bien comprendre. Arrivés à Thipaw, une petite ville poussiéreuse, nous louons des scooters et faisons une visite des alentours avec Ghislain et Mathilde. Ghislain, mon professeur de scooter manuel, en profitera pour me décerner mon brevet de « conduite en rivière ». 

En fait le scooter est waterproof, nous l'apprendrons ce jour-là
C'est la saison sèche en ce moment. Pas de belles rizières mais des champs calcinés à perte de vue. La visibilité, entre la poussière et la fumée, n'est pas très bonne. Bref, nous ne sommes pas venus à la bonne période. 

A dada sur mon zébu
Etape suivante : Kyaukme où nous rencontrons Mosset et John, deux amis birmans de Floriane et Antoine venus ici il y a un an. Après nous avoir fait déguster leur alcool de riz distillé derrière la maison, ils nous présentent leur prof d'anglais. Celui-ci nous explique que les jeunes préfèrent parfois fuir leur pays. Ils parviennent à franchir la frontière. Après quelques années en Thaïlande, ils demandent la nationalité. S'ils se font attrapés par la police (un peu corrompu il faut croire), ils peuvent être vendus comme main d’œuvre sur des chalutiers...avec peu de chance de revenir. Mais vu la situation politique et économique en Birmanie, leur geste peut se comprendre. Le lendemain, nous visitons l'école (les élèves sont ravis de parler anglais avec des touristes) et un monastère habité par un moine très bavard et passionné par la minorité Shan à laquelle il appartient.

Nicolas, le moine Shan, Mosset et Axelle
En voiture Simone. Cette fois nous prenons le train qui arrive en gare avec deux heures de retard (et dire que l'on se plaint des horaires de la SNCF...). Plein d'optimiste, nous achetons des billets en classe ordinaire. Au fur et à mesure que le quai se remplit, nous craignons de nous retrouver une fois de plus dans une « bétaillère  roulante ». Ne pouvant échanger nos billets contre des premières classes, nous n'avons plus trop le choix. Au final, le trajet était sympathique malgré les banquettes en bois et la lenteur du train (15km/h). Il faut avoir le cœur bien accroché car à l'intérieur, ça tangue et ça saute. Un train « rock & roll » en soit. Mais le clou du voyage a été de traverser le viaduc de Gokteil construit par les britanniques en 1899 et garanti 60 ans (la date d'expiration est donc passée depuis 50 ans...). A 300 mètres de hauteur, le pont ne s'est toujours pas effondré et la vue depuis le train est magnifique même si cela reste un peu effrayant.

La traversée du viaduc




Un peu de musique dans le train pour détendre les passagers
Lac Inle

Perché à plus de 800 mètres d'altitude et entouré de montagnes, le lac Inle mérite le détour. Le lac est immense : 20 km de long sur 10 de large. De quoi faire de belles ballades en pirogue. 

Ici, la pagaie est dans le prolongement de la jambe

En avant donc pour la découverte des villages avec leurs habitations sur pilotis, des jardins flottants (culture de tomates), d'une fabrique de cigares et d'un atelier de tissage à partir de fils de lotus (plus chers que la soie).

Un village flottant

La petite maison dans le marais

A notre grande surprise, un producteur de vin français s'est installé sur les hauteurs du lac il y a maintenant un peu plus de 10 ans. C'est donc tout naturellement que nous avons visité son vignoble et dégusté les « grands crus » locaux.
Après avoir subi la chaleur et la poussière des précédentes villes visitées, nous avons réellement apprécié la fraîcheur du climat, la végétation luxuriante et le doux bruit de la pluie (bien à l'abri bien sûr...).

A 2 jours de notre départ pour Bangkok, nous nous offrons un dernier trajet en bus. Le bouquet final ! 15 heures pour rejoindre Rangoon avec une arrivée dans la ville à 3heures du matin. Mais ceci n'est rien comparé aux conditions de vie très difficiles des Birmans. On ne peut qu'admirer ce peuple souriant et accueillant.

Nos 4 semaines en Birmanie s'achèvent. L'aventure continue en Thaïlande.